Leto Craven

par **Leto Craven** Ven 26 Jan 2024 - 10:30

Leto Craven

33 ans

Sorcier

Ezedalar

Neutre

Professeur d’Alchimie

Marié

Hétérosexuel

Théo James

Pas de signe distinctif

Description physique et caractérielleBeaucoup disent de Leto Craven qu’il est inaccessible. Certains prétendent même qu’il ne sourit jamais. Dans les faits, c’est un homme sérieux qui a appris que l’apparence avait grande importance lorsque l’on venait d’une famille proche de la couronne. Plutôt taciturne, il se mêle le moins souvent possible aux mondanités mais n’en reste pas moins observateur. Il est calme aux premiers abords même s’il ne cache jamais réellement son agacement. Il a une présence assez forte malgré ses efforts, dû à sa posture et à son rang.

Il est le portrait craché de son père, lui aussi brun aux yeux marron et le dépasse d’à peine 2cm. Il a le physique d’une personne qui n’a pas eu à travailler de ses mains. Il a néanmoins fait un effort et s’entraîne assez régulièrement pour garder une forme physique acceptable. Légèrement musclé, il reste tout de même assez passe-partout.

Quelques faits notables

(01)
Anecdote 1 : Personne n’est au courant pour sa seconde magie, et lui-même en a peur. C’est d’ailleurs pour ça qu’il a fini par s’éloigner de la capitale royale.
(02) Anecdote 2 : Lorsqu’il était plus jeune, il lui est arrivé plus d’une fois de sortir en secret du château et de se mêler aux enfants des domestiques. Il a toujours préféré leur franchise à l’hypocrisie notable de son univers d’origine.
(03) Anecdote 3 : Il ne s’entendait pas beaucoup avec la princesse Rosaleen, mais n’en reste pas moins un royaliste convaincu. Il est très fidèle à la couronne et a prêté allégeance à la cadette, peu confiant vis à vis du nouveau roi. Il reste tout de même très secret sur ses opinions politiques.
(04) Anecdote 4 : C’est un faux calme qui a déjà été pris dans des bagarres lors de son adolescence. Il calme ses nerfs en pratiquant la magie.

Aime / Aime pas

Aime
Un environnement bien rangé
Sa famille
Ses recherches
Le calme

Aime pas
L'hypocrisie
Le roi actuel
Les endroits trop bruyants
La magie noire

Pouvoirs

Magie élémentaire (Terre - maîtrisée). Magie secrète : Noire (pas maîtrisée)

Biographie du personnage

”Cet effrayant univers sans fond, qu’on appelle la pensée.” - Victor Hugo

Les murmures devinrent exclamations lorsque les ténèbres envahirent brièvement la salle où se trouvait un jeune homme, debout, contemplant ses mains dans une expression fermée. Puis la stupeur laissa place à la réalisation. Les ténèbres venaient de choisir l'héritier de la famille Craven et c'était un choc immense pour tous ses membres, eux qui se targuaient d'êtres purs jusqu'aux confins de l'âme. Le fils aîné venait pourtant de briser des générations et des générations de sorciers lumineux.

« C'est forcément une erreur! » S'exclama la voix aiguë de l'une de ses petites sœurs.
« Tu sais bien que le rituel ne se trompe jamais. » Lui répondit la seconde avec son pragmatisme habituel.
« Mais, alors.. » la dernière née des triplés releva son regard vers son grand frère toujours immobile.

Le jeune homme tremblait en relevant la tête vers son père. Un homme juste, mais dur. Il lui semblait avoir échoué à quelque chose de fondamental.

« Père, je..
- Es-tu seulement mon fils?
- Kane! Calme toi! on va trouver une solution. » La mère, aussi pragmatique que la fille.
« Tu ne sais pas de quoi tu parles, Meredith! Gronda le patriarche. Notre réputation dépend de ce rituel. Sans notre réputation, on perd notre position, tout! Tu comprends!?
- Ce n'est pas une raison pour dire de telles choses.
- Pourquoi donc, mère? Il le pensait. »

La douleur avait éveillé la colère du fils, semblable à celle de son père. Une colère froide qui le poussa à faire quelques pas en direction de Kane Craven. Immédiatement, l'une de ses sœurs lui attrapa le bras.

« Bien sûr que non, ne sois pas bête! Ça ne sert à rien de se disputer. Je t'en prie, sois raisonnable. On devrait ..
- Laisse le s'exprimer, Diane.

Il se dégagea de l'étreinte de sa sœur avec douceur et la fit reculer de quelques pas.

« Ça ne change pas ce que je suis ou ce que je veux. Ce rituel idiot ne veut rien dire! Ma magie reste la même!
- À toi de me le prouver, en attendant je vais devoir revoir sur mes projets pour toi.
- Vous êtes injuste. » Souffla le jeune homme en contrôlant difficilement la sensation qui montait en lui.
« Crois moi, je t'épargne bien des injustices, comme tu dis. Le roi ne saurait tolérer la
moindre erreur. »

Les mains du jeune homme s'étaient animées seules, instinctivement tandis qu'il embrassait ce qu'il avait tenté de retenir depuis plusieurs minutes. Une légère brume en sortit, sans que personne ne s'en rende compte avant qu'il ne soit trop tard. Il fermait les yeux, en essayant de comprendre ce qu'il faisait, non.. Il avait peur de le savoir. Un tour vieux comme le monde, une simple illusion qui retirerait l'épine du pied de sa famille. La conversation s'effaça des esprits de tous lorsque les cinq autres membres de sa famille se figèrent. Les ténèbres devinrent lumière. Personne ne se rappela de cette triste scène.

Personne, sauf Leto Craven.

******************
Leto avait une enfance des plus banales pour sa caste. Fils aîné d'une famille de conseillers royaux, il a baigné dans la richesse et la notoriété que la position de son père apportait. Très tôt, Leto Craven se mit à imiter son père. Il avait pu voir combien les gens le respectaient et l'appréciaient, ce qui rendait le petit garçon admiratif. L'éducation de l'héritier fut plutôt exigeante, forçant le garçon à grandir un peu plus vite pour devenir plus sage et posé. On ne saurait supporter qu'un jeune noble soit trop agité, après tout. Le monde autour de lui était plus libre et plus ouvert, mais lui était coincé dans sa caste. Inscrit dans une école privée réputée dès ses premières années d'école, on s’assura que le jeune Leto Craven ne fréquentait que des gens aussi riches et puissants que sa famille. Lorsque le garçon demandait “pourquoi” à son père, ce dernier lui parlait de jalousie, de sécurité, et le gamin buvait la moindre parole de son père comme si elle était sacré. Plus il grandissait, moins il était curieux. Leto faisait simplement ce qu’on lui demandait sans poser de questions ou protester, au contraire de certains de ses amis. Il était discret et apprécié, ce qui lui permit tout de même d’avoir une enfance épanouie et remplie de nombreuses rencontres, notamment parce qu’ils résidaient au château royal. Ses parents n’avaient jamais à hausser la voix contre lui et jamais il ne leur faisait de caprices même si son père était très souvent aux côtés du roi pour exercer son devoir de conseiller. Sa mère, elle, était souvent partie à divers galas de charité ou toute autre activité permettant d'accroître la popularité de la famille Craven. Leto se retrouvait donc assez régulièrement seul dans l’aile attribuée à sa famille lui en compagnie du personnel qui répondait au moindre de ses désirs dans la limite du raisonnable. Le petit garçon n’avait pas l’habitude qu’on lui dise non. Néanmoins, il ne rendit pas la tâche compliquée à tous ces gens qui l’entouraient et se lia même avec les enfants de certains dans le dos de ses parents.

******************
« Leto, mon chéri, viens voir! » Appela Meredith Crane en passant le seuil de son vaste vestibule.

Comme attendu, un petit garçon passa immédiatement la tête par l'entrebâillement de la porte du salon principal puis accéléra le pas pour aller saluer sa mère qui tendait sa veste à l’une des domestiques en souriant. La mère de famille caressa la tête de son fils, faute de pouvoir se baisser. En effet, madame Crane avait déjà un joli ventre rebondi qui ne laissait aucun doute sur son état.

« Vous êtes rentrée! Père n’est pas ici? » Demanda le petit Leto en penchant la tête pour tenter d’apercevoir Kane Crane, sans succès.

« Il est reparti travailler après l’examen. Ne fais pas cette tête, il rentrera tôt. »

Tout en observant le visage déçu de son fils, Meredith avait attrapé son sac à main posé sur le buffet avant d’en sortir un dossier papier. Avec un sourire énigmatique, elle avait ensuite attrapé la main du petit garçon pour l’entraîner vers le petit salon qu’elle affectionnait tant. Elle demanda deux chocolats chauds au premier domestique qui revint vers eux sur le chemin et s’installa sur le canapé confortable en lâchant un léger soupir. Elle ouvrit ensuite la pochette et en sortit une photographie qu’elle tendit à Leto. Le garçon l’observa, la tourna dans un sens, puis dans un autre.

« C’est quoi?
- On dit, “qu’est-ce que c’est?” » Le reprit Meredith.
« Qu’est-ce que c’est, mère? » Répéta docilement Leto.
« Une échographie, pour observer le bébé dans mon ventre.
- On ne dirait pas un bébé! » Protesta le garçon en essayant pourtant de discerner une forme humaine dans cet amas noir et blanc.

La mère rit tendrement face à la candeur de son enfant, et lui pointa un endroit bien distinct.

« C’est normal, mon chéri, il n’est pas encore totalement formé. Il faut encore attendre. Il est encore tout petit, là, tu vois? On devine déjà son corps. Et regarde ici, Elle pointa un endroit adjacent, il y en a un second. Tu sais ce que ça veut dire?
- Il y a.. Deux bébés? » Tenta Leto après une minute de silence. Il sourit en voyant sa mère hocher la tête.
« Deux filles, pour être précise.
- J’aurais voulu un frère, mais deux sœurs me vont aussi ! » Conclut le garçon en relevant la tête vers sa mère qui caressait son ventre arrondi avec un sourire aux lèvres.
« Je pourrais compter sur toi pour prendre soin de tes petites sœurs, Leto?
- C’est promis, mère! » Déclara solennellement Leto Crane alors âgé de six ans.

*********************

Il n’y eut non pas deux mais trois bébés lors du long accouchement de sa mère qui rendit Leto insupportable en raison de son impatience. Hestia, Diane et Maia Crane naquirent à dix minutes d’intervalle chacunes, la même année que son altesse royale Rosaleen Bishop. Que de bons présages pour les Crane, probablement les plus loyaux serviteurs de la royauté. Au début, le petit garçon eut du mal à se faire à ce nouveau rythme de vie. Les bébés pleuraient en permanence, et on lui accordait beaucoup moins d’attention. Les pouvoirs de Leto s’éveillèrent à ce moment, des pouvoirs élémentaires, tout comme ses parents. Là où sa mère avait plus d’affinité avec l’air, son père en avait une avec la terre, de même que Leto qui suivait fièrement le parcours de son modèle. Après plusieurs mois, il accepta entièrement ses petites sœurs et commença à s’entraîner à la maîtrise de ses pouvoirs.
Il était proche des triplés malgré leur écart d’âge, même si les querelles n’étaient pas rares dans la fratrie, en particulier lorsque Leto atteignit l’âge délicat de l’adolescence. Il continuait son parcours scolaire sans tâches même s’il devait se consacrer entièrement à ses études pour tenir le rythme soutenu de l’Institut où ses parents l’avaient inscrit. Il se fit tout de même quelques amis et devint même plutôt populaire sans trop d’efforts. Il entacha son parcours en se retrouvant mêlé à quelques bagarres, prouvant alors qu’il n’était pas si calme que cela. La place de son père n’y était pas étrangère, mais Leto ne s’en plaignait pas. Il avait le sentiment de réussir et de rendre son père fier. Il lui accordait de plus en plus d’attention et ne cachait pas sa satisfaction lorsque son fils aîné lui disait vouloir servir le roi à son tour. Pourtant, plus il vieillissait, plus il se questionnait. Il redoutait l’avenir, conscient qu’il portait l’héritage familial sur ses épaules. Il ne parlait de ses doutes à personne, pas même à ses amis et repoussait toujours la sorte d’échéance mentale qu’il s’était fixé. Seule l’une de ses sœurs sembla percevoir le trouble de son frère aîné.

**************

Du haut de ses 12 ans, alors que Leto préparait ses examens d’entrée à l’université, elle vint le trouver dans sa chambre.

«Leto.
- Qu’est-ce qu’il y a, Hestia?» Demanda l’adolescent en posant son stylo plume sur son bureau envahi de notes diverses.
«C’est moi qui devrais te poser cette question. »

Face au silence de Leto, elle avait soupiré avant de s'asseoir sur son lit soigneusement fait. L’adolescent s’était entièrement tourné vers elle en fronçant les sourcils.

«Tu joues la comédie depuis longtemps, je le vois bien. Pourquoi tu fais ça?
- Si c’est pour me raconter des idioties, tu peux tout aussi bien sortir, Hestia.
- Tu ne comprends pas, je l’ai vu! »

Elle le dévisageait calmement en ignorant sa mèche de cheveux auburns qui caressait son visage pâle. Hestia avait toujours été ainsi. Elle était la première née des triplés et avait toujours semblé grandir plus vite que les deux autres, d’une manière parfois effrayante. Leto s’était souvent interrogé sur elle, mais ce ne fut qu’en cette soirée qu’il comprit

«Tu.. Tu veux dire que tu as des.. Hestia, tu es voyante?
- Oui, en quelque sorte. Je voulais t’en parler avant, mais je ne savais pas quoi en penser. Je ne vois pas vraiment clairement les choses, mais parfois quand je dors je vois différents chemins que je peux explorer. En faisant quelques recherches, j’ai compris que c’était les différentes lignes du futur que l’on peut suivre. Il suffit d’un simple détail pour les faire changer. Rien que le fait de m’être assise sur ton lit changera la direction de notre avenir, pour faire simple.»

Leto s’était levé pour s’approcher d’elle, non sans vérifier que la porte était fermée. Hestia leva la main au moment où il ouvrit la bouche.

«Non, s’il te plaît, écoute moi. J’ai exploré des dizaines de chemins. Je sais que j’ai encore beaucoup à apprendre pour maîtriser ce pouvoir, mais à chaque fois je te voyais malheureux. Ce n’était pas clair, et je ne pourrais pas te dire pourquoi mais je suis persuadée que ça vient de toi, de ce que tu es en train de faire. Et peu importe ce qu’en dit père, si ça te ne te plait pas tu devrais arrêter. Je ne sais pas quoi faire pour t’aider et j’ai l’impression que c’est.. inévitable.»

Un sanglot ponctua la confession de sa petite sœur et elle baissa les yeux en joignant les mains, l’air soudainement moins mature qu’elle ne l’était. Leto était vraiment perturbé par ce qu’il venait d’entendre mais prenait l’adolescente au sérieux. Il s’installa à côté d’elle, passa un bras autour de Hestia, et la serra contre lui un long moment.

«Ecoute, je sais que ça doit être effrayant mais je vais bien. Tu l’as bien vu toi-même, pas vrai? Hestia hocha lentement la tête en reniflant. Il y a sûrement une explication rationnelle. Je n’y connais rien à ce domaine, mais je suis certain que tes propres peurs jouent beaucoup dans les visions et les interprétations que tu peux en faire. Ce n’est pas un pouvoir très stable, tu sais. Je te promets de faire attention à moi et à vous trois.»

Pourtant Leto cogitait déjà en essayant de réconforter sa petite sœur. Lui-même doutait déjà, et maintenant ses certitudes se trouvaient encore plus fragilisées.

«Tu crois que je perds la tête?» Demanda Hestia après s’être un peu calmée.
«Non, je crois que tu es encore trop jeune pour gérer tout ça, c’est tout.
- Tu parles comme une personne âgée.» La moquerie fit sourire Leto.
«Tu n’en as parlé à quelqu’un d’autre?
- Non, je n’ai pas envie.
- Pourquoi?
- Hé bien, ce n’est pas bien vu d’habitude, on va me prendre pour une menteuse. Et en plus père.. Il n’aime pas ce genre de chose. Tu ne vas rien lui dire, pas vrai? Leto! Il ne peut pas l’apprendre! »

L’affolement soudain de l'adolescente reprit Leto au dépourvu qui s’empressa de la rassurer. Elle avait raison. Kane n’était pas quelqu’un qui aimait les “croyances incertaines” comme il les appelait. Il n’avait pas envie que sa soeur soit exposée d’une manière ou d’une autre.

«Je ne dirais rien.»

Et il tint parole.

************

Il n’oublia jamais la drôle de scène avec Hestia, même lorsqu’il passa ses examens d’entrée à l’université de la capitale et commença sa vie en société. Il fut introduit officiellement aux amis de son père, et au roi lui-même en prévision de son avenir qui semblait si bien tracé pour Leto. Pourtant, le jeune homme se sentait prisonnier de son propre corps. Il passa un premier diplôme universitaire à quelques jours de ses 21 ans et quitta soudainement la ville peu de temps après. Personne n’avait d’explication sur le drôle de comportement de Léto Craven. En réalité, il avait simplement compris les paroles de sa sœur et avait pris sa vie en main. Il ne serait pas conseiller, pas dans ces conditions. Il expliqua la situation à son père qui ne comprit pas mais n’eut pas d’autres choix que d’accepter, en particulier lorsque Leto annonça ses soudaines fiançailles peu de temps après. Kane était quelqu’un attaché aux traditions, et voir son fils dévier ainsi eut le don de l’énerver même s’il n’en montra rien. Après tout leur famille était aimée et aimante.
Leto se fiança à l’une de ses anciennes camarades et amie de lycée, une fille d’une grande famille de marchands d’artéfacts magiques un peu plus jeune que lui. Il ne s’agissait pas là d’un mariage d’amour mais d’un arrangement entre les deux jeunes gens. Le monde eut tôt fait de repérer le petit ventre arrondi à peine camouflé par la robe de mariage achetée à la hâte. Les gens parlèrent, mais personne ne sut qu’ils n’officialisaient pas là une grossesse non désirée, mais qu’ils prenaient leur liberté. Leto n’était pas le père de cet enfant à venir, et pourtant ce fut lui qui proposa cette solution drastique à la jeune femme lorsqu’elle lui annonça avoir découvert sa grossesse trop tard. Ils avaient beau être en 2033, les moeurs de leur caste restaient plutôt fermés et ils savaient quelle vie attendait une jeune femme dans le cas de Judith. Alors elle accepta, malgré sa surprise. Pourquoi Leto ferait-il une telle chose? Ne gâchait-il pas sa vie? Le jeune homme lui expliqua qu’il ne souhaitait pas avoir la pression d’un mariage qui ne saurait tarder et que cela lui permettait de partir de la maison familiale sans encombres. Chacun serait libre et en apparence ils formeraient une famille parfaite.

Malheureusement Judith perdit le bébé quelques semaines après leur mariage, ce qui fut un grand choc pour Leto qui pensa même devenir veuf l’espace de plusieurs heures. Judith s’en sortit considérablement fragilisée, ce qui poussa le couple de jeune mariés à quitter la capitale pour s’installer dans une ville plus petite à 150km de là, appelée Blenhill, où leurs noms rayonnaient moins. Leurs familles les soutinrent malgré le scandale de leur union, et leur permirent d’avoir une maison confortable sans se soucier de leur situation financière. Néanmoins Léto reprit des études dans le domaine magique, plus spécifiquement en alchimie. Un domaine qui l’intéressait bien plus et allait de pair avec les activités de sa belle-famille. Si les Craven ne s’aimaient pas, ils ne se détestaient pas pour autant. Tout en étudiant dans la voie nouvelle qu’il s’était trouvé, Leto tâcha de prendre soin de sa femme qui essayait de tourner la page sur l’expérience traumatisante qu’elle avait vécu. Il ne lésina pas sur les moyens et les médecins réputés pour apaiser Judith. Il engagea également quelques domestiques en s’assurant qu’aucune information ne sortirait de chez eux. Il lui fallut beaucoup de patience et de temps, mais la jeune femme reprit sa vie en main. Elle aussi se lança dans des études similaires à celle de son mari et se raccrocha à ses études pour aller mieux. Souvent, il restait avec elle pour qu’elle s’endorme sans encombre.

«Reste, Leto.»

Quatre ans de mariage, une vie simple mais répétitive et de nombreuses épreuves avaient finalement poussé Judith à retenir son mari par la manche alors qu’il s’apprêtait à repartir dans sa chambre. Ils ne s’étaient pour ainsi dire jamais touchés, à l’exception du léger baiser qu’ils avaient échangé à leur mariage et aux quelques étreintes nécessaires en public. Il n’y avait pourtant aucune froideur entre eux. Le jeune étudiant s’était retourné pour faire face à la jeune femme simplement vêtue de son peignoir de soie.

«Tu es sûre? »

C’était idiot, bien sûr, mais il avait préféré demander juste avant de se laisser entrainer dans le lit par la jeune femme. Ils n’avaient plus rien dit, soudainement assailli par leur drôle de réalité. Eux qui s’étaient mariés sans aucune raison romantique découvraient que le temps avait fait son œuvre. A force de parler ou de se tenir la main lors des nuits difficiles, ils s’étaient rapprochés bien plus que Leto ne l’aurait pensé. Il l’avait probablement réalisé avant elle sans jamais oser évoquer le sujet avec elle. Jamais il ne lui était venu l’idée d’aller voir une autre femme quand bien même il aurait eu le droit, de même que pour Judith. Les choses lui semblèrent parfaitement naturelles lorsqu’il posa les lèvres sur celles de sa femme sincèrement, pour la toute première fois de sa vie. Le quotidien devint plus doux pour le couple qui sembla revivre une véritable lune de miel lors des semaines suivantes et des années suivantes.
Leto garda contact avec sa famille malgré son éloignement avec son père. Il voyait régulièrement ses sœurs et sa mère lors de ses quelques passages dans la capitale et tâchait de garder un œil sur elles. Pour la première fois, il oublia la conversation qu’il avait eu avec Hestia, et il s’en mordit les doigts bien plus tard.
Il continua d’étudier la magie et l’alchimie et décida de se tourner vers une carrière universitaire. Certes, ce n’était pas la grande université royale de la capitale, mais cela lui suffisait. Il aimait cette vie plus simple que celle de son père, loin des troubles de la Cour qu’il savait plus agitée qu’il n’y paraissait grâce à sa sœur Diane, mondaine jusqu’au bout des ongles. Elle aussi s’était mariée jeune avec le fils de l’intendant des Bishop. Une alliance qui permit à la famille Craven de se renforcer et de se faire un peu plus remarquer. Maia se maria également et suivit les traces de son frère en s’éloignant de la vie agitée de la capitale. Elle partit à l’autre bout du pays et se ficha bien que son mari n‘était pas un noble ou un riche héritier. Une vie plus simple, sans domestiques, qui allait parfaitement avec son caractère calme. Elle fut la première à avoir des enfants, des jumeaux, en 2042. Hestia quant à elle se plaça comme la véritable héritière de son père à la place de Leto, ce qu’encouragea son aîné sans hésitations. Elle se spécialisa dans la politique et apprit les nombreux codes du quotidien de son père.

Les années passaient et pourtant, Leto se trouvait toujours perturbé de manière inexplicable quelquefois. Judith et lui étaient heureux mais ne parvenaient pas à concevoir d’enfants malgré tous leurs efforts, ce qui finit par provoquer de véritables tensions dans le couple. Les sentiments étaient toujours là, mais l’impression d’échec demeurait. Il s’éloigna inconsciemment d’elle après ses trente ans et profita d’une proposition d’emploi dans la capitale pour prendre de la distance avec Judith et faire des examens qui révélèrent qu’il était stérile. En réalité, cela n’était pas une surprise pour lui mais il n’arrivait plus à faire face à sa femme. Il ne déménagea pas et continua de chercher des solutions pour son problème, sans succès. Il aimait sa femme d’une manière sincère et tendre mais sentait bien que le gouffre se creusait entre eux. Il continua ainsi, partageant sa vie entre sa vie de couple devenue plus terne qu’au début de leur mariage et sa vie professionnelle où il s’épanouissait malgré l’insistance de son père pour qu’il renonce. Il recommença également à se montrer lors d'événements publics, avec ou sans Judith.

A présent rien n’a changé, si ce n’est que la santé de son père se fait plus fragile ainsi que sa volonté de voir son fils lui succéder. Leto n’en démord pas et sait très bien qu’il est l’objet de bon nombre de rumeurs plus ou moins absurdes en raison de son parcours inhabituel mais s’en fiche. Il essaye de sauver son couple en doutant parfois de ses choix de vie.

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